A cent pour cent !(7)

Publié le par Belette

Après 15 remises en forme, chaque fois chamboulées lors de l'édition,  j'espère que cette fois est la bonne !!! un vrai puzzle.

Nouvelle en quelques épisodes (7ème)

Elle m’interrompt, joyeuse :

- J’en connais une, moi ! cette jeune femme qui m’accompagnait tout à l’heure, mais ne comptez pas sur elle, elle ne voit plus rien du tout, ni nu ni rien. Elle a une maladie des yeux, c'est une punition du ciel, voyez vous, elle est punie par où elle a péché

- .... ?

- Il faudrait que vous voyiez chez elle, ces gravures... moi je me cache les yeux, c'est dégoûtant ! … il faut dire, avec la vie qu’elle mène ! mais je ne veux rien dire sur elle, elle est si gentille pour moi … mais voyez-vous, je ne peux pas être d’accord …

Elle s’interrompt car une truffe noire vient de se coller à ses genoux. J'enrage, je sentais venir le scoop!

- Roro ! ne te mouche pas sur ma robe ! le bleu marine, ça marque ...

La belle apparaît au loin, elle cherche à situer le banc. Louise l’appelle, je l’aide à se lever, et nous clopinons toutes les deux vers l'ennemie.

Elle arbore un large sourire et je remarque qu’elle a une bouche généreuse. Des lèvres pulpeuses et deux rangées de dents carnassières semblent dire les immenses possibilités buccales de leur propriétaire.

- Marylin, je n’ai dragué personne mais j’ai rencontré cette charmante jeune femme …

- Ah ! mais Louise, on peut aussi draguer les gens de même sexe !… 

- Vous essayez encore de me scandaliser, chevrote Louise, je vous connais bien, savez-vous ? mais ça ne marche pas, ce n’est pas parce qu’on est âgé qu’on est bégueule !  … Vous ai-je dit que j’avais été …  

- La maîtresse de votre mari pendant cinquante et un ans ! et à cent pour cent ! ... mais bien sur, tout le monde sait que vous avez été une grande amoureuse. 

Elle rit fort, contente d’elle.

-  Parfaitement, qu'en pensez-vous Mademoiselle ?

- Toutes les formules ont leur charme, dis-je avec neutralité

- Si j’osai, reprend la mémé, je vous demanderais à toutes les deux de me m’aider à faire quelques pas dans l’allée...

J'acquièce avec empressement, la chère vieille chose est en train de donner un coup de pouce au destin.

- Comment vous appelez-vous, Mademoiselle ?

- Moi, c’est  Bernadette , j'improvise.

- Comme la Sainte ! enchantée, moi c’est Marylin, comme la Star !M’envoie dans les dents la sublime personne, ruinant d'emblée un début de sympathie. Et nous voilà parties comme de vieilles copines, à petits pas à travers le square St Ange. 

Nous parcourons à grand peine les cinquante mètres qui nous séparent du jeu de boules. Mémé Louise s’agrippe à la barrière, ce qui nous libère les mains. Elle semble contente d’être sur ses jambes. Ses cheveux rouges flambent. Il fait très chaud, l’été s’installe avant l’heure. Marylin capte la lumière dans son tee-shirt jaune et arbore, par ses larges échancrures, un bronzage intense, de mauvais aloi en ce début de saison. Par son allure et sa taille, elle attire l’attention. A coté d’elle, je me sens couleur de muraille. J'ai soudain un petit coup de blues...

Pourtant, ce matin, dans ma salle de bain, je me suis trouvée mignonne, avec mon chemisier blanc à boutons nacrés, mon maquillage discret, mes cheveux châtains mi-longs, mes talons mi-hauts ! C’est ça mon problème, me dis-je tout à coup,… chez moi tout est à demi … à cinquante pour cent, en somme ! Mon Dieu ! Et cette Marylin me devient soudain violemment antipathique.

A suivre ...

 

Publié dans Fiction

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T
Bonjour Belette, je vois que tu as réussi à intégrer le petit message "compteur" ;-)<br /> <br /> Bon dimanche !
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B
A TOUS, MERCI POUR VOS ELOGES, ET PUISQUE LA PLACE D'HENRI TROYAT EST DISPONIBLE, JE CROIS QUE JE VAIS QUITTER O.B. POUR L'ACADEMIE FRANçAISE !
G
C'est très énervant les marilyn qui sont belles, talentueuses, et en plus qui ont le sens de la répartie. Peut-être aussi de l'intelligence et de l'humour par dessus le marché. Bon, faut pas préjuger, j'attends la suite...
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G
On dirait du Henri Troyat, super bien écrit mais il ne s'est rien passé, pas un crime, pas une mobylette volée.
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F
Au fait, pour ton blog çà a l'air d'aller mieux… Il y a juste les com' qui s'affichent à l'envers, mais maintenant je m'y attends.
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F
Ah, tu écris super bien! Je me régale de tes mots "chère vieille chose"… "ruinant d'emblée un début de sympathie"…<br /> C'est pétillant de vie!
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