Inde, journal de voyage : 2 anecdotes

Publié le par M.Pan

SUR LA ROUTE D'AGRA ( suite) - septembre 2005

Deux anecdotes

La route est longue et fort pénible. Les véhicules sont plus nombreux et encore plus déglingués, que sur la route de Jaipur (mais si, c’est possible !), et il y a plus d’animaux, la zone est plus rurale. Dans les champs (et hélas, sur la route) : beaucoup de buffles noirs, accompagnés d’échassiers blancs (ibis ?), des chèvres, des vaches, des chiens, parfois des chameaux.

Les villes et les villages traversés sont encore plus délabrés qu’avant. Autour des maisons de torchis au toit crevé, cernées par la boue et la bouse, s’agite un petit peuple noir et en haillons. Il ne fait pas bon être une indien des champs ! Aglaé note que ça lui rappelle la guerre, qu’on dirait un pays bombardé. Est-ce un état permanent ou les conséquences de la mousson ?

 

Griss nous arrête pour déjeuner vers 13 heures. La nourriture est bonne comme toujours, nous essayons toute la gamme des plat végétariens. Aux toilettes, il y a une "dame pipi" comme partout. Celle-ci est cousue d’or. Elle en a aux mains, aux pieds, aux bras, dans le pif, et dieu sait où encore ! C’est une belle femme d’une cinquantaine d’années, ses mains sont peintes et son sari magnifique. Elle me remet des bouts de papier-cul et prend mon billet de 5 roupies de ses longs doigts fins et bagués. J’ai l’impression de faire l’aumône à la reine de Saba.

 

On reprend l’horrible route, on avance pas. Griss stoppe au niveau d’une guérite, c’est la frontière entre le Rajasthan et l’Uthar Pradesh. Il descend faire des formalités. Nous restons dans la voiture.

 

En contrebas derrière un muret de briques un fonctionnaire de police, un gros type un peu chauve, sûrement un chef, fait la sieste, les pieds contre le muret. Il ouvre un œil sur nous, puis le referme aussitôt. Il se produit alors un incident hilarant.

Voici que s’amène un homme accompagné d’un ours, un très gros ours brun tenu en laisse. Le gars nous propose de faire danser l’ours contre quelques roupies. Comme nous n’aimons guère les animaux enchaînés, nous refusons, aimablement, car le gars a une bonne tête. Cependant il insiste et pour nous donner un petit aperçu, il fait faire à l’ours quelques pitreries. L’animal se dandine d’une façon assez drôle sur ses pattes arrières tout contre le muret, et soudain, d’un coup de fesse un peu énergique il démolit le muret dont les briques s’écroulent sur les pieds du flic somnolent. Il est furax, il hurle. L’ours se sauve, le pauvre dresseur se confond en courbettes et en excuses et commence à remonter les briques tant bien que mal. Nous éclatons de rire car la tête du fonctionnaire vaut son pesant de roupies ! Finalement, Nico descend de voiture et donne dix roupies à l’homme en précisant « pas pour le numéro,  pour le travail ». Le flic est aussi rouge que les briques…. En partant nous voyons l’ours qui se prélasse dans une prairie.

Juste avant Accra il y a un site intéressant, c’est la ville fantôme de Fathepur Sikri. Nous nous y arrêtons. C’est un lieu très intéressant et quelque peu abandonné des opérateurs touristiques trop pressés d’aller au Taj Mahal. C’est un grandiose ensemble de bâtiments de pierre rouge (Palais, temples, écuries, dépendances, esplanades immenses…) qui a été construite au XVème siècle et habité seulement quelques années. Le manque d’eau aurait eu raison de la folie du Maharadja qu’il l’avait fait sortir de terre pour remercier je ne sais quelle divinité de lui avoir enfin donné un héritier.

Nous déambulons un bon moment autour de ces superbes bâtiments intacts et vides. On dirait le palais de la belle au bois dormant.

Au cours de la visite, nous vivons une exécrable anecdote : sous la muraille du palais, il y a un homme et son petit garçon d’une dizaine d’années. Il sont au bord d’une espèce de citerne aux eaux putrides complètement vertes. L’homme nous hèle. Nous comprenons qu’il nous demande de l’argent pour faire plonger le gamin dans le bac à crapeaux. Le petit se prépare, on voit qu’il a l’habitude. Nous déclinons vivement en le traitant de sale type (en français), les gardiens se marrent. Je fais des efforts pour aimer l’Inde, mais là, c’est dur !

 (A suivre)

Publié dans obsindep

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