Arts Premiers : la peinture aborigène à l'honneur

Publié le par Surcouf

    Grâce à l'ouverture prochaine du musée des Arts Premiers du Quai Branly, les  radios, les journaux, la télé font une large place à ces peuples qui ne sont plus aujourd'hui que l'ombre de ce qu"ils étaient avant que notre société matérialiste ne les réduisent à la quasi disparition. Et pourtant leur attitude narturellement écologique et spirituelle a tout à nous apprendre. 

    J'ai déjà longuement parlé de la peinture aborigène du désert australien dans mon journal de voyage sur ce blog. Au cas où vous l'auriez raté, j'en rappelle les carctéristiques.
La plus ancienne tradition artistique du monde
La peinture aborigène telle que nous la connaissons aujourd'hui, c'est à dire acrylique sur lin, est issue sans transition d'une tradition plurimillénaire (on parle de 30 000 à 50 000 ans). Elle représente les « Rêves » des peuples du désert à l'aide des symboles immémoriaux légués par les grands ancêtres au temps mythique du « Dream time », le temps de la création du monde.
Avant d'être peints sur le lin, les « rêves » dont les artistes sont « propriétaires » par leur ascendance, étaient représentés sur des supports naturels : roche, bois, sable et surtout corps, lors des cérémonies religieuses.
 Un essor commercial qui remonte à 30 ans
les matériaux modernes sont entrés dans les communautés aborigènes dans les années 70. Les peuples du désert central, chasseurs-cueilleurs sédentarisés par les pouvoirs publics australiens, ont commencé, sous l'influence d'un enseignant sensible à leur expression(Geoffrey Bardon), à transcrire sur du contre-plaqué ou des toiles, ce langage qui avait été, faute de supports, marqué par l'éphémère.
Depuis, la peinture n'a cessé de se développer, donnant naissance à de nouvelles écoles qui maîtrisent parfaitement le travail sur toile et inventent de nouveaux univers picturaux.
La valeur esthétique de ces œuvres est à présent reconnue dans le monde entier par les collectionneurs tant privés que publics, en Australie, mais aussi en Amérique du Nord et en Europe. Des maisons prestigieuses (Sotheby's, Christie's) en organisent des ventes. En France, le musée des Arts Premiers du quai Branly exposera un bon nombre d' œuvres aborigènes qui susciteront sans doute un intérêt croissant dans notre pays.
Les peintres de la première génération, aujourd'hui très âgés, ont vu le prix de leurs œuvres décuplés. Une nouvelle génération de peintres a pris la relève et leurs toiles se vendent aujourd'hui entre 1500 et 6000 euros.
 La part de mystère
L'intérêt de l'art aborigène va bien au delà de l'aspect esthétique et de l'intérêt ethnographique qui sont pourtant incontestables. On ne peut le considérer sans tenir compte de son processus de création, de son environnement humain, géographique et surtout, spirituel. Car, pour peindre, il faut être initié et autorisé.
Toute œuvre a un sens et même plusieurs. L'artiste aborigène, qui est avant tout un symboliste, assortit la peinture qu'il présente d'un commentaire sur ce qui y est représenté. Ce peut être, par exemple la cueillette d'un type de nourriture, ou un itinéraire (les Aborigènes étaient nomades) ou encore un lieu de cérémonie, ou plusieurs choses à la fois.
Dans cette culture du « Dream-time », l'œuvre aborigène est analogue au rêve, elle en a la structure. Le commentaire que l'artiste vous délivre est celui que l'on donnait jadis aux enfants et aux non initiés, il peut se comparer à ce que nous-même pouvons raconter de nos rêves de la nuit en nous réveillant, le contenu manifeste. Il faut savoir qu'il existe d'autres strates de sens plus profondes qui ne sont accessibles qu'aux initiés et que l'on peut comparer au contenu inconscient des rêves de nos nuits.
Ces aspects secrets/sacrés ne nous sont jamais révélés. Ainsi, acquérir une œuvre aborigène, c'est aussi accepter sa part de mystère.
 Peindre, c'est régénérer le monde
la peinture n'est que l'un des aspects de cette culture riche et extrêmement complexe. Les rêves peints ont leur équivalent « chantés », et « marchés » il s'agit des « song-lines » ou itinéraires chantés. Chanter, peindre ou marcher, sont des actes sacrés qui répètent à l'infini les épisodes de la création du monde. Ils restent aujourd'hui, malgré le modernisme, d'une grande actualité. Ils sont, aux yeux des Aborigènes, indispensables pour régénérer le monde.
 Un peuple sauvé par son art
le peuple Aborigène a failli disparaître. La politique de sédentarisation pratiquée par l'Australie blanche, l'«offense » faite à la Terre-Mère (agriculture, infrastructures, mines) ont gravement affecté et désorganisé les tribus. L'alcoolisme et le diabète font des ravages dans toutes les communautés.
Cependant, l'intérêt manifesté par le monde entier pour leur art et en particulier pour leur peinture, rend aux Aborigènes leur dignité et leur identité. Il y a chez eux un désir et une fierté à faire découvrir et reconnaître la valeur de leur culture. Depuis quelques années la population a recommencé à croître.
Belette

Publié dans obsindep

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